7 Voir J.-M. Larouche,« Ressorts,implicationsetportée éthiques d’une recherche sur les personnes séropositives », dans F. Delor, Séropositifs. Pourquoi pas vous ? Seuls existent à propos de ces dernières des « audits » qui ne se préoccupent que de leurs « performances », telles que peut les envisager le Marché (part de marché et position face à la concurrence, rentabilité, image de marque...) et qui n’ont pas grand-chose à voir avec la tradition de la recherche universitaire en sciences humaines, davantage attentive aux modes de construction des problèmes sociaux, aux orientations de l’action et à ses fonctions sociales, aux rapports de pouvoir et aux modes de décision, notamment. Les chercheurs sont donc soumis à la censure externe des agendas et programmes de recherche, des appels d’offre et, plus fondamentalement, de la définition des « problèmes de société » (le « lien social », les « dysfonctionnements » des services publics, la consommation de drogues, la circulation routière, la pédophilie...) qui échappe à leur initiative. Études / Formation pour devenir Chercheur / Chercheuse. Lupungu, Local 19 Kinshasa, Gombe. La distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée s’estompe, y compris à l’intérieur des universités. Trajectoires identitaires et rencontres du risque. Cette fonction prend aujourd’hui d’autant plus d’acuité que la connaissance est devenue le principal moyen de production et la principale source de pouvoir. La question de la responsabilité éthique de la recherche universitaire n’est pas une pure question de principe. C’est sous ces deux angles que nous aborderons notre question. Les équipes de l’université travaillent également avec des entreprises pour créer les innovations de demain. Loin de nous positionner contre l’État, il s’agit plutôt de nous assumer comme composante de l’espace public et des structures publiques (directement ou par la voie de la subsidiarité) qui doit être avec les autres composantes d’un système démocratique dans une relation de coopération conflictuelle. C’est l’objet de la deuxième partie du texte. La question de la responsabilité propre de la recherche universitaire sera traitée ensuite à partir du point de vue et de notre pratique de la sociologie. Elles règlent en même temps la question de la posture scientifique et celle de la posture éthique et politique tout en faisant la part des registres, car les deux questions sont indissociablement en jeu dans le même mouvement de construction de l’objet de recherche. 11 H. Becker, Outsiders. Entre sciences naturelles et sciences humaines, instrumentalisation et autonomie, approche technique et approche critique, enseignement et recherche, les tensions sont nombreuses. The question of university research’s responsibility is not asked abstractly, but in relation to these trends. Il s’agit de se battre pour des valeurs en instaurant une méthode qui en assure la poursuite, c’est-à-dire qui oblige, dès qu’elle est mise en place, à faire de nécessité vertu. 4Une deuxième tendance, complémentaire de la première, est l’instrumentalisation et la contractualisation croissante de la recherche universitaire par une demande principalement politique et économique. 27C’est à la lumière d’une
telle ambition, terriblement
forte et terriblement modeste
à la fois, que la formule « l’enseignement par la recherche »
doit être comprise et que l’une
et l’autre doivent être repensés. Impact socio-culturel . 3S’éloignant de l’idéal de communication obligatoire et transparente au sein d’une communauté de pairs, la science est de plus en plus le lieu du secret, voire de l’espionnage. Nous vivons à l’heure de l’extension de la responsabilité, , voire de la responsabilisation généralisée ; à tout malheur il faut des responsables. 20Je résumerais mon point de vue de la manière suivante10 : faisons de la « bonne » recherche, c’est-à-dire de la recherche marquée par une vision lucide des enjeux les plus cruciaux, par une curiosité critique, par le recul réflexif et la rigueur méthodologique, par le souci de pertinence pratique et de sens, par la clarté dans l’exposé de ses enseignements enfin, et le reste – je veux dire par là la capacité de faire œuvre utile à partir d’un positionnement éthique et politique clairvoyant – viendra de surcroît. 34Un tel projet devrait se heurter à des résistances et à des blocages. Entre attentes sociales et impuissance morale. Le lundi 23 novembre 2020. La « mondialisation » n’est alors qu’un euphémisme élégant pour parler d’« étasunisation ». Enfin, le développement à l’échelle mondiale des systèmes électroniques d’information et de communication (internet) favorise la massification et l’individualisation des savoirs. C’est à la lumière d’une
telle ambition, terriblement
forte et terriblement modeste
à la fois, que la formule « l’enseignement par la recherche »
doit être comprise et que l’une
et l’autre doivent être repensés. Hommage à Jacques Dabin. Le chercheur se réduit à n’être qu’un des multiples outils du Prince ; il n’est même plus son conseiller critique. 10 Je reprends pour ce passage mon texte « Recherche sociologique, éthique et politique », dans Variations sur l’éthique. Plus les universitaires seront capables de susciter de la cohérence par collaboration et dissensus internes, plus ils pourront peser sur l’État pour assurer les conditions concrètes de leur autonomie, soit des structures et des postes de recherche non liés à des commandes externes. 14De quoi et envers qui les chercheurs universitaires sont-ils responsables ? Les réponses qu’on peut tenter d’y apporter sont relatives au contexte social et, en particulier, aux caractéristiques et aux transformations du champ scientifique à chaque époque concernée. Envers qui la recherche universitaire est-elle responsable ? « Protégez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe », dit justement l’adage. Responsable envers le seul Prince et selon des critères qui relèvent de son bon vouloir, le chercheur se condamne en fait à l’irresponsabilité pour tout ce qui dépasse les seuls critères de rigueur technique (dont le Prince se désintéresse d’ailleurs le plus souvent sinon pour discréditer les travaux dont les résultats ne l’agréent pas). La recherche universitaire a de singulier qu’elle n’est pas une activité à part, qui trouverait son intérêt en elle-même ou pour un usage pratique particulier. Accueil / Recherche scientifique. Les clivages sont loin d’être nets. raisonnée, ces démarches scientifiques ou protoscien… IURS-RabatLe Centre Universitaire de la Recherche Scientifique a été créé en 1961. Les « bonnes » recherches « parlent d’elles-mêmes », elles éveillent à une responsabilité morale et pratique, elles marquent durablement et sans violence, elles suscitent le débat et produisent les problématisations susceptibles de l’alimenter. Elles règlent en même temps la question de la posture scientifique et celle de la posture éthique et politique tout en faisant la part des registres, car les deux questions sont indissociablement en jeu dans le même mouvement de construction de l’objet de recherche. Actualités . Autrement dit, la faible autonomie de la recherche universitaire me paraît directement liée à l’absence de dissensus interne, de confrontations entre disciplines et approches qui ne doivent certes pas conduire à un consensus mais plutôt à « innerver » un espace de création et de travail et à le doter ainsi d’une plus grande clarté et d’une plus grande cohérence. Notre responsabilité est de produire une vision réflexive du monde, de la société et de l’expérience humaine, soit d’élaborer des thématisations des problèmes que les acteurs pourront discuter et où ils pourront puiser des ressources cognitives pour évaluer les situations auxquelles ils sont confrontés et élaborer leurs projets. Il montre également que la responsabilité de la recherche universitaire ne prend sa pleine mesure que lorsqu’elle s’accomplit en liaison étroite avec l’enseignement. Si le phénomène est plus marqué dans les sciences naturelles, il n’en touche pas moins les sciences humaines, notamment dans les disciplines ou les domaines comme l’économie, la politique, la gestion et l’organisation, qui intéressent le plus les grandes organisations publiques ou privées et participent à leurs processus de direction. L'excellence de la recherche de l'université est reconnue à travers les projets du programme d’investissements d’avenir (PIA). Les clivages sont loin d’être nets. , de moins en moins discutés. Mais alors, une telle cohérence ne peut être vue comme une unité consensuelle mais bien comme un processus dialectique dont l’interdisciplinarité devrait constituer la clé. AccueilNumérosvol. Les premiers adversaires d’un projet de recherche universitaire autonome et responsable sont les universitaires eux-mêmes qui engagent la recherche et l’enseignement sur des voies qu’ils ne devraient pas emprunter. Les normes méthodologiques des sciences « dures » (prévalence des méthodes quantitatives, schémas expérimentaux teintés de positivisme, refoulement des questions normatives et éthiques...) s’appliquent de plus en plus aux sciences humaines. Les démarches de la recherche scientifique. Les premiers adversaires d’un projet de recherche universitaire autonome et responsable sont les universitaires eux-mêmes qui engagent la recherche et l’enseignement sur des voies qu’ils ne devraient pas emprunter. Entre eux prend place un travail intellectuel « désintéressé », à court terme du moins, qui constitue le substrat et la condition mêmes du lien entre ces deux pôles, soit la lente maturation d’une pensée réflexive, qui prend certes des formes particulières selon les disciplines, mais où, d’une manière ou d’une autre, connaissance et sens cherchent à s’articuler, ce qui suppose son inscription délibérée dans l’histoire des sociétés et des pensées elles-mêmes. La première partie de ce texte expose quelques-unes des principales tendances actuelles de la recherche scientifique : l’affaiblissement rapide et massif du poids des universités dans la production scientifique, la contractualisation croissante de la recherche universitaire et son instrumentalisation par les pouvoirs économiques et politiques, son internationalisation et enfin la diffusion massive et l’individualisation … XXX, no 2, dirigé par J.-M. Chaumont et H. Pourtois. L’université de La Réunion fait partie des 14 membres du consortium qui organise cette manifestation en France. Le chercheur plus autonome, médiateur du débat dans l’espace public, se perçoit comme responsable de la juste définition des questions à débattre et de l’information scientifique la plus riche et la plus correcte possible à son propos. Progressivement, les cadres de pensée eux-mêmes sont altérés par cette instrumentalisation. Dans de nombreux domaines comme l’économie, l’« internationalisme » consiste en l’imposition d’une culture scientifique nationale à l’ensemble du globe. Les discussions entre savants de disciplines différentes s’inscrivent dans une perspective politique et morale internationaliste (contre les nationalismes étroits) et pacifiste (contre la logique de guerre)2. Plus de 4500 publications (articles, participations à des colloques, chapitres d'ouvrage etc.) Portail Recherche Actualités Parutions La recherche scientifique : un droit fondamental ? Chercheurs, ingénieurs, techniciens, personnels administratifs : rejoignez le CNRS ! Criminologues et sociologues connaissent bien la recherche de Howard Becker sur la déviance publiée sous le titre de Outsiders11. Recherche et innovation; Structures de valorisation; Entrepreneuriat; Chaires; Productions scientifiques. Les coopérations scientifiques sont actuellement nombreuses, et permettent le renforcement des capacités de recherche et la création de pôles de compétence à vocation régionale. Cet éclatement des univers et des pratiques est source directe d’hétéronomie dans une université qui se présente au commanditaire potentiel comme un supermarché où il trouve toujours dans un rayon ce que les autres ne lui offrent pas. Luc Van Campenhoudt est professeur aux facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles), où il dirige le Centre d’études sociologiques, et à l’université catholique de Louvain. Responsable envers le seul Prince et selon des critères qui relèvent de son bon vouloir, le chercheur se condamne en fait à l’irresponsabilité pour tout ce qui dépasse les seuls critères de rigueur technique (dont le Prince se désintéresse d’ailleurs le plus souvent sinon pour discréditer les travaux dont les résultats ne l’agréent pas). Pour éviter toutes les illusions et désillusions, la responsabilité de la recherche universitaire demande donc à être interrogée à partir d’un constat qui implique une grande modestie : sa place et son influence sont de plus en plus restreintes dans l’ensemble du système de production des savoirs à prétention scientifique. Contre ce phénomène d’attribution-dilution généralisée de la responsabilité, il n’est pas inutile de tenter de mieux cadrer les objets de notre responsabilité propre de chercheurs universitaires. Plagiant Wittgenstein, nous sommes en droit de penser que les obstacles à la résolution de nos questions ne sont pas d’abord intellectuels mais sociaux, et que les solutions ne sont pas d’abord affaire d’intelligence mais de volonté. Son approche rend dès lors possible et favorise, mais sans y conduire mécaniquement, un jugement différent sur les comportements dits déviants et non déviants. Outsiders. Études de sociologie de la déviance, , Paris, Métailié, 1985, en particulier le, Les exemples foisonnent ; un seul suffira ici. Ces phénomènes sont encouragés par le modèle démocratique en vigueur selon lequel chacun doit pouvoir être en mesure de tout connaître et tout comprendre. Cours magistraux, faiblesse
des processus d’autoévaluation,
technicisation des méthodes
pédagogiques, spécialisation
croissante et concurrence
accrue entre institutions et
surtout autonomisation croissante de la recherche et de l’enseignement n’y concourent pas forcément. La grande majorité des chercheurs ne travaillent plus dans les universités. Nous n’ignorons pas que d’honnêtes « détournements de fonds », consistant à mettre à profit des commandes pour développer conjointement des pistes de recherche étrangères aux soucis du commanditaire, sont constamment opérés « pour la bonne cause ». La recherche scientifique est un processus dynamique ou une démarche rationnelle qui permet d‘examiner des phénomènes, des problèmes à résoudre, et … Études de sociologie de la déviance, Paris, Métailié, 1985, en particulier le chapitre 1, « Le double sens de “outsider” », p. 25-41. Les scientifiques appartiennent majoritairement à des unités de recherches rattachées au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), alors que les répondants en lettres, histoire et surtout langues sont majoritairement membres de laboratoires purement universitaires, les sciences humaines et sociales occupant une position intermédiaire. C’est sous ces deux angles que nous aborderons notre question. Le Centre national de la recherche scientifique est un organisme public de recherche (Etablissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation). Je reprends ici quelques points d’un exposé présenté par Anne Rasmusen sur « L’Internationale scientifique 1890-1914 » dans le cadre d’un séminaire du Centre de sociologie de l’éducation et de la culture à la Maison des sciences de l’homme à Paris le 24 février 1997. , sur « Souffrance sociale et attentes de reconnaissance.