Pete ne cesse de demander pourquoi Alice l’a choisi lui en particulier. Le lendemain matin, les gardiens de la prison hallucinent à leur tour en trouvant Pete Dayton (Balthazar Getty) dans la cellule en lieu et place de Fred. Comme dans Mulholland Drive, le film est dépourvu de twist over et ne cherche à aucun moment à recoller les morceaux pour le spectateur. Il espionne tout avec sa caméra. Comme Fred, ne préfère-t-on pas, alors, garder notre propre souvenir du film et de l’histoire plutôt qu’une version rationnelle qui amoindrirait considérablement l’impact de ce que nous avons vu et ne pourrait jamais complètement parvenir à résumer son essence ? En effet, le film change à un moment donné de point de vue : le héros permute littéralement son identité avec un autre, mieux : il devient cet autre. Mais inconsciemment, parce que Fred Madison a des pulsions meurtrières qui resurgissent malgré (ou à cause de) leur refoulement, l’Homme Mystère peut pénétrer chez lui : la clôture n’existe plus, n’a peut-être jamais existée. 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Lost Highway joue en effet d’une perpétuelle hésitation entre l’explication psychanalytique (le film comme hallucination d’un criminel délirant, enfermé dans sa cellule de prison), et l’explication ésotérique, mystique – une histoire de possession, obtenue par l’intermédiaire d’un Homme Mystérieux doté de grands pouvoirs. Retrouvez toutes les dernières critiques sur le film Lost Highway, réalisé par David Lynch avec Bill Pullman, Patricia Arquette, Balthazar Getty. Cependant, cette théorie placerait le spectateur du côté de la raison, réservant à Fred Madison la place du fou. Je l’ai invité. Fred (Bill Pullman) apprend à l’interphone que Dick Laurent (Robert Loggia) est mort. Pour Lost Highway je pense qu'il en est de même. De façon plus discrète, le son glisse parfois du mono au stéréo, ce qui annonce le thème du dédoublement et de la schizophrénie. Voilà quelques temps, nous…, Après deux beaux livres documentaires pour les jeunes…, [Critique] Escape Book : la tour de l’alchimiste – François Lévin, Un système simple et génial pour mieux s'organiser…, Méditation, chamanisme et rituels Camille Sfez n'est pas…, Gillian Anderson se lance dans le développement personnel…, [Critique] Ces livres qui nous font du bien – Christilla Pellé-Douël, Dans l'espace, on vous entendra rire De tous…, Les éditions Jungle se sont spécialisées dans les…, Appliquer le principe des brèves de comptoir à…, [Critique] Abécédaire du Tout-Paris – Paul de Vallonges, Un nouvel outil entre agenda, scrap-booking et carnet de listes…, Rockyrama est une revue lyonnaise s'intéressant à la…, Le grand saut Il faudrait être fou, ignorant,…, Toutes les personnes nées dans les années 80…. L’imbécile qui fumait des clopes pour avoir l’air d’un homme. Une oeuvre qui ne s’explique pas. L’histoire se déroule principalement autour d’Henry Spencer, personnage principal évoluant entre un univers onirique et une série de décors industriels glauques et sinistres. Ensuite ils installent dans ce décor des personnages qui représentent tous des figures obsessionnelles récurentes de son univers et que l’on croise dans beaucoup de ses films : la femme phantasmée, le producteur répugnant, la vielle femme, les flics du FBI, le double plus jeune, … Le jeu est alors de plonger ces personnages dans des situations qui font intervenir toujours dans le même ordre, le désir, la culpabilité puis le châtiment, de façon répétitive. LOST HIGHWAY. D’un point de vue esthétique, le film est parfait et nous plonge dans une atmosphère sourdement oppressante comme on en a rarement vu au cinéma. Il en était de même dans Assurance sur la mort, où Billy Wilder a finalement préféré couper la scène finale (pourtant tournée) de l’exécution de Walter Neff. Arrêté dans la foulée puis condamné à mort, il est soudainement victime de violents maux de tête. What you see is all you get. Cette frustration et cette froideur rendent toutes les scènes de sexe particulièrement implacables: lorsque les époux font l’amour, le visage de Renee reste de marbre, son corps ressemble à une imposante sculpture impossible à pénétrer. Comme ce dernier, Lost Highway est scindé en deux parties distinctes qui se rejoindront à la fin sans vraiment coïncider. I've seen it twice, hoping to make sense of it. Synopsis. Ainsi, le final dans le désert est déjà amorcé lors de la glaçante scène de sexe entre Fred et Renee puis avant la métamorphose de celui-ci dans sa cellule, lorsqu’on entend quelques secondes de la reprise de “Song to the Siren” par les Cocteau Twins, comme un lointain écho. Howard Gibbs’s 80-year-old gas station needs new tanks or the inspectors will shut him down. Ce qui est le cas de Bob et des doppelgängers de Twin Peaks. Du 5…, [Critique] PIFFF 2017 : Golem, le tueur de Londres, Le règlement du concours Ce concours est clôturé.…, Concours clôturé. Sa mémoire est sélective. It worms it’s way in your subconscious and plants seeds for a later you to gather up for the next brainstorming harvest. Lost Highway. Archicine de Federico Babina : quand architecture et ciné font bon ménage, Honest Trailer : Maman, j’ai raté l’avion (vidéo), Le règlement du concours Le concours est clôturé.…, Le règlement du concours Le concours est clôturé. Une chose est certaine : toutes les routes mènent à soi. Il est en outre doué du don d’ubiquité et, surtout, agit par, aux films mettant en scène des variations de ce même personnage en passant par les diverses œuvres littéraires, cinématographiques ou encore télévisuelles qui n’ont eu de cesse de reprendre et réactualiser cette figure, le vampire est presque toujours montré, à des degrés plus ou moins élevés, en relation avec la sexualité : séducteur ténébreux au regard pénétrant, il exerce une fascination quasi-mystique auprès du sexe opposé. LOST HIGHWAY | Critique aux confis de l'étrange 10 Juin 2010. Il ne reste que la route sans fin vers l’ombre. There is no sense to be made of it. Si le “héros” est plongé dans un purgatoire depuis sa cellule, il semble condamné à revivre éternellement le meurtre de sa femme et son exécution. Il hallucine et voit l’homme étrange devant une cabane dans le désert prenant soudainement feu. Alice n’est pas le pays des merveilles. ), client régulier du garage. La femme fatale est certes celle qui captive le héros, mais elle est surtout pour lui source de méfiance et d’angoisse. » C’est-à-dire qu’il prétend s’arrêter à la clôture qui sépare de manière rassurante le monde extérieur menaçant du nôtre. Le réalisateur tire là encore parti du décor pour renforcer le sentiment d’oppression du “héros” et du spectateur: le rôdeur anonyme devient omniprésent, il peut tout voir, à tout moment, comme l’indiquent les vidéos, filmées avec la froideur des caméras de surveillance que refusent Fred. Ainsi, faisant réapparaître Fred Madison de manière impromptue alors que celui-ci avait été remplacé par un autre acteur et un autre personnage plus jeune depuis plus d’une heure, le retournement quasi-final de. Définition et Explications - Eraserhead est un film américain écrit, réalisé et produit par David Lynch, sorti en 1977. , semblait favoriser la théorie de la schizophrénie pathologique du personnage, dont nous avons assisté au délire et qui aurait préféré fuir la réalité sordide du meurtre de sa femme grâce au fantasme, ce dernier ne résistant pas à la paranoïa du héros qui change le rêve en cauchemar, le voile de l’illusion se déchirant finalement, révélant la supercherie au spectateur et au héros, incapable de l’admettre. Il m’a ouvert. Si tout jeu de séduction est absent entre Fred et l’Homme Mystère, ce rapport morbide est présent entre le saxophoniste et la troublante Renee. En cela, le film peut s’avérer déroutant lors de la première vision, mais il faut bien se souvenir qu’avec David Lynch, il faut se laisser porter par les images et son ressenti, ne surtout pas chercher à tout rationnaliser. Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Mais les mésaventures de Fred Madison, musicien jaloux condamné pour l'assassinat de sa femme, nous le verrons, peuvent rejoindre celles de Pete Dayton, le jeune mécanicien victime d'une fe… Pour, , elle est également un être qui souffre, déchiré. Le jour où cette fille s’intéresse à nous, on ne sait par quel mystère, les ailes se mettent à pousser. . Il ne le sait pas encore. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées. Il est intéressant de noter au passage que David Lynch a épuré le scénario original, co-écrit en compagnie de Barry Gifford, afin de rendre le récit plus suggestif. Le règlement du concours Ce concours est clôturé. It's a shaggy ghost story, an exercise in style, a film made with a certain breezy contempt for audiences. Le mec avec une barbe, une mobe et un cuir. La fascination du cinéaste pour les figures féminines troubles est à son comble avec un double-rôle de femme fatale pour Patricia Arquette qui annonce les héroïnes dédoublées de Mulholland Drive (2001): Betty/Diane la blonde et Rita/Camilla la brune. Lost Highway est ainsi une oeuvre en forme de ruban de Moëbius, une boucle temporelle infernale qui enferme son héros dans un purgatoire sans fin. ), elle a le geste ô combien cruel de lui donner une petite tape dans le dos en guise de consolation, tout en murmurant: “it’s ok, it’s ok” (“c’est pas grave”). Fred est maladivement jaloux et suspecte Renee de le tromper lorsqu’il part au travail. The Lost Highway Documentary Film. Pour mieux comprendre l’intensité de cette frustration, il faut avoir conscience du fantasme qu’Alice représente pour Pete. Si, d’un point de vue rationnel, celui-ci est malade, le cinéaste n’adopte jamais cette perspective, ne valide jamais cette hypothèse lors du film qui devient un film fantastique de la même manière qu’il est un film noir. Les personnages, les objets, les lieux sont des archétypes qui reviennent de façon récurrente dans tous ses films. En preuve de bonne foi, il propose à Fred de téléphoner chez lui pour le lui prouver. Au moment où il touche à ce fruit défendu cependant, sa vie bascule. La frustration de Pete qui voit Alice lui échapper. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. La métamorphose qui permet à Fred Madison de prendre la place de Pete Dayton vient jeter un épais voile de mystère et désordonne la chronologie du récit. Philippe Fraisse, dans son article sur l’univers de Lynch justement intitulé « La place du fou, » (Philippe Fraisse, « La place du fou : L’horreur selon David Lynch, quelque part entre Lovecraft et Stephen King » in. Si dans le cas de Lost Highway, l’apport du mélodrame est absent et que les sentiments de Renee/Alice demeurent flous, leurs corps sont néanmoins soumis à ce déchirement. Crédibles, les scènes d’action de Piège de cristal ? [Analyse] Twin Peaks, saison 3 : Dale Cooper, l’histoire d’un long retour. La mémoire “rappelle le passé quand nous le voulons mais jamais de la même manière » (Louis Lavelle, cité par Jean-Louis Leutrat in « Le cinéma, “momie du changement” in L’invention de la figure humaine, Paris, Cinémathèque française, 1995, pp. In contrast to Wild at Heart or Blue Velvet, the “Hollywood trilogy” focuses on the dark side and corruption of the film industry. De retour à sa routine habituelle, il rencontre la sublime Alice (, blonde) qui n’est autre que la petite-amie du mafieux Mr Eddy (. Guy Astic remarque que ce dédoublement est issu de La Métamorphose de Kafka, que Lynch a toujours rêvé d’adapter : « Et si quelqu’un se réveillait un jour en étant quelqu’un d’autre ?» (Guy Astic, Lost Highway en instantanés, livret inclus dans l’édition collector du film Lost Highway, DVD2, MK2, 2005, km 10. Plus tard, son jeune amant verra l’image de la femme qu’il aime ébranlée par la vision d’un film porno qu’elle a tourné. Le film est un pur néo-noir (néanmoins emprunt de fantastique comme souvent chez Lynch) qui rend hommage aux classiques du genre et à Assurance sur la mort de Billy Wilder (1944) en particulier. Il est en outre doué du don d’ubiquité et, surtout, agit par contamination. C’est pour cela que Lynch rassemble autour de son oeuvre autant d’admirateurs inconditionnels. En plus, elle représente l’impossibilité puisqu’elle n’est techniquement pas libre. Il s’agit d’un film montrant leur appartement. Les cassettes se succèdent au fil des jours, les films allant chaque fois plus loin, jusqu’à pénétrer leur chambre et montrant les époux endormis dans leur lit. Ce mode de fonctionnement fait écho à celui du vampire, qui ne peut entrer dans une demeure habitée qu’après y avoir été invité. On sent à chaque instant que l’obscurité abrite maints démons et dangers invisibles et en cela, Lost Highway est bien le “film d’horreur noir du XXIème siècle” décrit par le cinéaste lors de ses entretiens avec Chris Rodley. Malgré le malaise et parfois la nausée qu’il procure, on ne peut s’empécher de le repasser dans sa tête ou devant son écran,, pour retrouver cette souffrance mélée d’un plaisir masochiste. Elle finit toujours par s’échapper d’une manière ou d’une autre, comme elle finit par abandonner Pete. Fred interroge l’homme étrange qui s’énerve : Alice who? La seconde partie met en scène Pete Dayton (, ), un adolescent séducteur et romantique sans histoires qui travaille dans un garage, traîne avec ses potes et sa petite-amie Sheila (, ). Lost Highway, c’est un enfer. Ils libèrent le jeune homme qui reprend sa vie de mécanicien. Les voies du Seigneur sont impénétrables. Le lendemain matin, les époux reçoivent une cassette VHS. Le problème quand on est sur la route toute la sainte journée, c’est qu’on ne voit pas le doute en l’autre s’immiscer.Le vrai problème surtout c’est qu’on s’ennuie ferme. Jusqu’à une nuit fatidique où un événement horrible dont il n’a aucun souvenir se produit… Il est retrouvé enfermé dans une cellule du couloir de la mort à la place d’un certain Fred Madison, condamné pour le meurtre de sa femme. […] Et Guy Astic, à partir des nombreux mystères de ce psycho thriller qu'il qualifie d'Alice au pays de Sueurs froides, propose de riches explications… Lost Highway, carry on All the souls that I' ve known I see flowers everywhere But it's only cryings that comes up in the air So many lives around I guess that it was just your time For every roses, one big stone One phone call, my world alone I miss you, sweet mother I'll see you some other time Que cette perception du personnage à l’égard de sa femme soit erronnée ou non importe peu. [Théâtre] Dix ans après : Le triangle amoureux suffit-il encore à faire rire ? Quant à Alice, dans un flash back, elle est soumise, sous la menace d’un revolver, à un strip-tease devant un vieux mafieux lubrique et son entourage masculin. Où situer la…, Le meilleur premier tome lu depuis bien longtemps…, Le duo formé par le scénariste Julian Voloj…, [Critique] Les oiseaux ne se retournent pas – Nadia Nakhlé, [Critique] Odin Sphere T1 – Tomoyuki Hino, [Critique] Assassin’s Creed Blade of Shao Jun T1 – Minoji Kurata, Rangez vos livres qui prétendent raconter la Préhistoire…, [Critique] How To Make Capcom Fighting Characters – Kurokawa, [Critique] Tout l’Art de Death Stranding – Collectif, Un livre de cuisine inattendu par la star…, Le livre de cuisine du restaurant londonien Yotam…, Enfin un livre de cuisine Ghibli Spécialisées dans…, [Critique] La popote du Nord — Camille Delcroix, [Critique] Cuisine Rock — Liguori Lecomte, [Critique] Magnolia Table — Joanna Gaines, Essai accessible de Matthieu Amat et Simon Merle,…, [Critique] Basquiat : sa vie en bande-dessinée, [Critique] Comment j’ai créé Captain Tsubasa – Yoichi Takahashi, [Critique] Hommage à J.R.R.