Dès lors qu'ils sont eux-mêmes impliqués dans le travail manuel et qu'ils ont pour idéal de rendre la terre la plus féconde possible, les Cisterciens vont s'ingénier à améliorer les techniques dans toute la mesure du possible. D'autre part, les critères recherchés étaient à l'époque très différents des normes actuelles en œnologie et on ne sait pas s'ils produisaient du vin blanc, du vin rouge ou du clairet. Les acheteurs italiens et flamands cherchent à signer des contrats avec des moines cisterciens spécialisés dans l'élevage ovin, car leurs animaux soigneusement sélectionnés offrent tous les gages de qualité. La concentration est cependant la plus dense en terre française et plus particulièrement en Bourgogne et en Champagne[53]. Vers 1200, on recense dix-huit monastères de cisterciennes en France. Par exemple les Goliards critiquent ouvertement la société tripartite et particulièrement les religieux[117] ; ils n'hésitent pas à remettre en cause le mariage[118]. Le recrutement se fait de plus en plus au sein de prélats séculiers, loin des préoccupations monastiques, mais soucieux des revenus abbatiaux. Les Cisterciens sont particulièrement bien implantés dans les villes accueillant les foires de Champagne qui drainent une grande partie du commerce européen aux XIIe et XIIIe siècles. Les décorations sont obtenues par estampage : sur l'argile encore malléable, on appose un tampon de bois qui imprime en creux le motif. Les abbayes, rescapées des guerres et des expulsions, commencent à recréer des liens, à restaurer les Congrégations. L'introduction du système de la « commende » au Moyen Âge tardif par lequel le roi nomme un abbé laïc dont le premier souci est souvent d'en tirer le maximum de bénéfices financiers, ne fait qu'accentuer cet état de fait. Il se caractérise par de grandes initiales peintes en camaïeu d'une seule couleur, sans représentation humaine ou animale ni utilisation d'or[113]. Avant chaque repas et après le travail, les frères s'y lavaient les mains. Le chapitre enchaînait directement sur prime, et commençait donc environ une heure après le lever du soleil, soit vers 7 h00 sur la moyenne de l'année. Les Statuts des moines cisterciens venus de Molesme, rédigés dans les années 1140, s'offrent comme une mise en ordre de l'idéal primitif : stricte observance de la règle bénédictine, recherche de l'isolement, pauvreté intégrale, refus des bénéfices ecclésiastiques, travail manuel et autarcie. On peut parvenir à l'ultime connaissance de la vérité, c'est-à-dire la connaissance de la vérité connue en elle-même. L'ordre cistercien de la Stricte Observance (aussi appelé o.c.s.o.) Pour tenir compte de la diminution des moines dans nombre d'abbayes, passant souvent en dessous du minimum officiel de douze religieux, ce qui n'est pas sans poser problème pour l'organisation du travail, ces petites communautés bénéficient d'allégements du rituel supplémentaires. Entre 1114 et 1118, Étienne Harding rédige la Carta Caritatis ou Charte de charité, texte constitutionnel fondamental sur lequel repose la cohésion de l'ordre. Cette spiritualité repose donc sur une théologie qui exige ascèse, paix intérieure et quête de Dieu. Selon les cas, des distributions supplémentaires d'aliments étaient fondées par des donateurs, bienfaiteurs de l'abbaye. Sa famille est connue pour sa piété ; sa mère lui transmet son inclination pour la solitude et la méditation. La règle bénédictine veut que chaque monastère dispose d'eau et d'un moulin. C'est pourquoi, dès la mort d'Étienne Harding en 1134, il est demandé à Bernard de Clairvaux de prendre en main la réforme du chant. Il y a là une rupture avec l'idéal de renoncement au monde, manquement souvent dénoncé par les contemporains. Il y a actuellement dans le monde environ deux mille cinq cents moines trappistes et mille huit cents moniales trappistines. Outre le pain, les pauvres avaient droit aux restes des repas et aux parts des moines décédés au cours du mois précédent (pulmenta defunctorum). Il s'agit de moines vivant selon la règle de saint Benoît. Tant qu'il y avait un nombre suffisant de frères convers pour exercer ces métiers, les moines profès occupaient les postes à responsabilités et assuraient l'organisation. La spiritualité cistercienne est en fait aussi vaste que les auteurs qui l'ont bâtie. Pierre de Castelnau, moine de l'abbaye Sainte-Marie de Fontfroide, est nommé légat pontifical extraordinaire en 1203 afin d'endiguer l'hérésie ; il est assassiné en 1208, ce qui déclenche la croisade contre les Albigeois. Pendant son abbatiat, Aubry fait adopter aux moines l'habit de laine écrue contre la robe noire des moines de l'ordre de Cluny, ce qui vaudra aux moines cisterciens le surnom de « moines blancs[28] », parfois aussi de « bénédictins blancs » ou de « Bernardins », du nom de saint Bernard[29], à l'opposé des bénédictins ou « moines noirs ». Elles sont enfermées dans le four, rangées en quinconce, le four étant obturé par des briques réfractaires enduites d'argile pour parfaire l'isolation. Les moines blancs développent une grande maîtrise de ce procédé, d'autant qu'ils sont capables de les fabriquer en masse grâce à leurs fours. En 1134, le Chapitre général prescrit une série de mesures concernant l'art sacré, les lieux saints ne devant recevoir aucun décor sculpté ou orné. La nouvelle fondation bénéficie cependant du soutien d'Eudes de Bourgogne qui fait montre de largesse ; Renard de Beaune, son vassal, cède à la communauté les terres qui jouxtent le monastère[22]. Cette industrie sidérurgique est très gourmande en bois : pour obtenir 50 kilos de fer, il faut 200 kilos de minerai et 25 stères de bois ; en 40 jours une seule charbonnière déboise une forêt sur un rayon d'un kilomètre[175]. En hiver, cette tâche et certains autres travaux pouvaient être effectués au chauffoir, unique salle chauffée du monastère. Une active politique d'acquisitions facilitée à ses débuts par la popularité du mouvement qui recueille un grand nombre de legs et donations permet à l'ordre de devenir un très important propriétaire foncier. Pendant la saison de la moisson, le chapitre était avancé et inséré entre laudes et primes afin d'avoir suffisamment de temps pour accomplir l'œuvre de la journée. Les paysans commencent à pouvoir revendre leur surplus ; ils sont donc, désormais, intéressés à produire au-delà de ce qui est nécessaire à leur subsistance et au paiement des droits seigneuriaux[133]. De même qu'il recherche le texte le plus exact possible de la Bible, Étienne Harding, par souci d'authenticité, de respect de la Règle, mais aussi de postérité et d'unité de l'ordre cistercien naissant, envoie ses copistes à Metz (siège de la tradition du chant carolingien) et à Milan afin de recopier les sources connues les plus anciennes pour les hymnes de saint Ambroise[note 3]. Ils se spécialisent dans le génie hydraulique, construisant barrages et chenaux[155]. Bernard de Clairvaux — dans son traité De l'Amour de Dieu — ou Guillaume de Saint-Thierry, abbé bénédictin puis simple moine cistercien du XIIe siècle, sont à la source d'une véritable école spirituelle et font franchir un pas décisif à la littérature descriptive des états mystiques[73]. Les moines s'attaquent à un chantier encore plus important : détourner la Cent-Fonts, qui assurerait un débit minimal de 320 litres par seconde[156]. Il réunit les plus influents abbés au Collège des Bernardins en 1494, où sont promulgués les articles réformateurs dits « de Paris ». En définitive, si le choix d'une fondation dépend d'« un savant mélange fait de piété, de politique et de pragmatisme […] le paysage a peut-être joué un rôle dans la formation de la spiritualité du nouvel ordre[49] ». Ce système de commende se montre particulièrement désastreux dans les espaces français et italiens, espaces qui connaissent au XVIe siècle une détérioration rapide des bâtiments cisterciens. En Occident, à la charnière des XIe et XIIe siècles, nombreux sont les fidèles qui cherchent de « nouvelles voies de la perfection[5] », « désir inexprimé, mais exaltant toutes les ardeurs, de rajeunir le monde[6] ». Le travail manuel est remis en valeur par l'exploitation directe des terres et des propriétés. Les bâtiments de Bohème, Pologne, Bavière, Espagne et Portugal sont gagnés par un mouvement de reconstruction d'inspiration baroque. Les abbayes recourent donc de fait au fermage ou au métayage, alors qu'à l'origine, c'était par le travail manuel des convers qu'elle exploitait ses terres. Jusqu'à la première période de déclin qui intervint dans la plupart des monastères environ un siècle après la fondation, et au plus tard avec le début de la guerre de Cent Ans, la vie entière du moine est organisée selon la règle, observée aussi littéralement que possible[91]. Cette lecture (à haute voix, comme toute lecture dans l'Antiquité et au Moyen Âge) se présente comme une véritable ascèse qui doit transformer le moine et le nourrir. L'ordre apparaît comme une véritable puissance économique. Laudes durait moins d'une demi-heure : peu après, dès que le soleil s'était entièrement levé, l'on chantait prime. MOINES : Les trois groupes les plus importants sont : – Les bénédictins. Sous son pontificat, l'ordre gagne en cohérence et conçoit une nouvelle organisation en 1336, sous la forme de la constitution Benedictina[56]. Les moines se nourrissaient donc de poisson et de légumes, assaisonnés de sel, ainsi que de pain et éventuellement d'œufs ; pour des motifs de salubrité, le vin ou la bière furent les principales boissons, consommées bien entendu avec modération. L'expérience d'Armand de Rancé à l'abbaye de la Trappe, par son influence, reste emblématique de l'exigence de la Stricte Observance et des visées réformatrices. Robert a tout juste le temps de recevoir du duc de Bourgogne une vigne à Meursault qu'à la suite d'un synode tenu à Port d'Anselle en 1099 qui légitime la fondation du novum monasterium, il se voit contraint de revenir à Molesme où il trouvera la mort en 1111. D'une part, l'exacerbation des particularismes nationaux nuit à l'unité ; d'autre part, les deux papes rivalisent de générosité pour s'assurer le soutien des monastères, ce qui porte « un préjudice considérable à l'uniformité de l'observance[60]. Les cisterciens acceptent cependant le soutien et le contrôle de l'évêque du lieu en cas de conflit au sein de l'ordre. Les moines commencèrent à manger sur un signe de l'abbé et restèrent silencieux pendant toute la durée du repas, qui fut accompagné par une lecture fait par un religieux. Volez tous ensemble vers les villes du refuge (les monastères), où vous pourrez vous repentir du passé, vivre dans la grâce pour le présent et attendre avec confiance l'avenir. À Cluny, l'agriculture est devenue une activité extérieure[8]. Il devient dès lors plus rentable pour les propriétaires, ecclésiastiques ou laïcs, de prélever une redevance à des paysans auxquels ils ont confié des terres, que de faire cultiver leurs terres par des esclaves ou des serfs (qui disparaissent en Occident). Les moines doivent négocier le passage au duc de Bourgogne et au chapitre de Langres. En 1782, à l'initiative de Joseph II d'Autriche, une éphémère congrégation belge voit le jour avant que les Cisterciens soient chassés de ses terres l'année suivante. Seulement en cas de manque de poisson, les laitages pouvaient être autorisés. Ils disposent de fours permettant de couler du verre plat. [85]) on connaît bien aussi Guillaume de Saint-Thierry dont la Lettre aux chartreux du Mont-Dieu (la Lettre d'Or[86]) est un monument de la spiritualité médiévale. Les XVe et XVIe siècles apparaissent dès lors comme une période d'essor des congrégations au sein de l'ordre. Les Cisterciens usent de leur pouvoir politique et économique pour obtenir des exemptions de péages. Bernardus valles amabat, « Bernard aimait les vallées ». C'est dans ce contexte qu'un mouvement de réaffirmation de la discipline et des exigences spirituelles se développe aux Pays-Bas, en Bohème, puis en Pologne avant de gagner l'Europe entière. Chaque monastère, selon le principe de charité, doit secours aux fondations les plus démunies, les abbayes mères assurant le contrôle et l'élection des abbés au sein des abbayes filles. Le Chapitre général réunit chaque 14 septembre, sous la présidence de l'abbé de Cîteaux qui fixe le programme, tous les abbés de l'ordre qui doivent y assister en personne ou, exceptionnellement, se faire représenter. La liturgie développe des mélodies épurées totalement au service de la Parole divine pour en révéler toute la richesse et le mystère qui y est contenu. Dans la gamme des ordres religieux, deux tendances générales sont présentes. Ordres monastiques et religieux féminins. Aux réserves et aux tenures - caractéristiques des exploitations bénédictines - sont substitués des biens fonciers légués par les seigneurs locaux, directement mis en valeur par les frères. Parmi ces donateurs, on compte des personnalités de premier plan tels les rois de France, d'Angleterre, d'Espagne ou du Portugal, le duc de Bourgogne, le comte de Champagne, des évêques et archevêques[50]. On sait ainsi que Pontigny peut faire entrer 500 hectolitres hors taxes dans la ville de Troyes, Vaucelle peut en transporter 3 000 en franchise sur l'Oise, Grandselve 2 500 sur la Garonne[146]. Les premiers abbés de Cîteaux avaient trouvé cet équilibre dans la simplicité rustique, dans l'ascèse et le goût de la culture. La vie cistercienne apparaît ainsi comme « une vie ritualisée, rythmée […] où chaque action obéissait à des règles formelles bien précises et était accompagnée par des gestes rituels […] ou, lorsque la parole était autorisée, par des phrases rituelles »[94]. En 1150, une ordonnance stipule que les vitraux doivent être « albae fiant, et sine crucibus et pricturis », blancs, sans croix ni représentations. Grâce à leurs implantations, les Cisterciens sont partout sur ces axes commerciaux fluviaux : sur la Garonne et la Loire qui conduisent à l'Atlantique et donc à l'Angleterre et l'Europe du Nord, la Seine et ses affluents qui mènent à Paris puis Rouen et donc à la Manche, le Rhin (et la Moselle ou le Main) vers les régions peuplées et commerçante contrôlées par la Hanse, sur le Pô, le Danube[181]. Les nombreux procès qui opposent les Cisterciens à ces seigneurs attestent la fréquence des conflits portant sur la question de l'accès à l'eau[152]. En outre, la loi du silence sera désormais moins rigoureuse. Dès les années 1170, les principaux couvents reçoivent des parures et parfois s'agrandissent d'un déambulatoire. Ce n’est que plus tard que l’ordre devient un ordre de chevalerie. Ce sont les différents ordres de clercs réguliers tels les Barnabit… Le Tart, abbaye-mère, tient chaque année le chapitre général des abbesses. Sur cette souche des quatre filles de Cîteaux, l'ordre cistercien va se développer et la famille cistercienne croître durant tout le XIIe siècle. Depuis le Concile Vatican II, plus aucune distinction n'est faite, canoniquement parlant, entre un « ordre », une « congrégation » ou autre institut religieux. S'ils ne font pas vœu de silence, ils réservent néanmoins l'usage de la parole aux communications utiles au travail, aux dialogues communautaires et aux entretiens personnels avec le supérieur et l'accompagnateur spirituel. Les moines dormaient sur des paillasses, couverts par un gros drap de laine, et disposaient d'une couverture de laine grosse et velue[109]. Depuis la fin du XIIe siècle, le Chapitre est assisté par un comité de définiteurs nommés par l'abbé de Cîteaux, le Définitoire. Par la connaissance de sa propension au péché le moine se doit d'exercer, comme Dieu, la miséricorde et le charité envers tout homme. Toutes les autres activités étaient, quant à elles, fonction des horaires des prières et offices. La pensée de Guillaume de Saint-Thierry est en accord avec celle de saint Bernard considérant que l'amour est la seule façon de dépasser le dégoût que l'on éprouve pour soi-même. Chaque fois qu'un passant vint et réclama du pain, le portier leur en donnait un ; il était tenu d'avoir toujours une provision de pain dans sa cellule située dans la porterie. », « et à d'autres moments, à la lecture des choses divines », Il s'agissait pour les premiers cisterciens, non seulement d'une insistance sur la pauvreté individuelle, mais encore, selon l'expression de Louis Bouyer, d'un, Titre du célèbre livre consacré par Dom Jean LECLERCQ, moine et spécialiste entre autres de saint Bernard, sur la spiritualité monastique au Moyen Âge (Éditions du Cerf, rééd. Leurs abbés élus par la communauté gouvernent l'abbaye comme ils l'entendent. Au lendemain de la Révolution française ne subsiste en Europe qu'une douzaine d'établissements cisterciens. Cîteaux reste l'autorité spirituelle gardienne de « l'observance de la sainte règle » établie au Nouveau Monastère. Il est cependant contraint de regagner l'abbaye qu'il dirige à Molesme[18]. L’Ordre Cistercien de la Stricte Observance (connu aussi comme “Trappiste”) est un Ordre religieux contemplatif de l’Eglise Catholique Romaine composé de monastères de moines et de monastères de moniales. Avec Bernard de Clairvaux qui intervient de façon plus ou moins directe comme arbitre, conseiller ou guide spirituel dans les grandes questions du siècle, l'ordre cistercien prend le rôle de gardien de la paix religieuse. Albéric et Étienne Harding, ainsi que vingt-et-un moines fervents, l'accompagnent dans son « affreuse solitude » où ils s'installent le 21 mars 1098, sur le site de La Forgeotte, alleu concédé par Renard, vicomte de Beaune, pour y fonder une autre communauté dénommée pour un temps[20] le novum monasterium. Une exception était accordée aux convers, aux novices, aux jeunes moines et à ceux ayant un travail particulièrement dur : ils avaient droit à un déjeuner appelé mixtum, composé de pain et de vin, supprimé cependant en carême. Cependant, il existe des abbayes dont les moines participent au grand élan de défrichage médiéval. Cependant, pèlerinages et croisades ne nourrissent pas spirituellement tous les croyants. En effet, Cîteaux est implantée sur la Vouge, elle-même affluent de la Saône qui permet la jonction entre le couloir rhodanien (un des principaux axes commerciaux entre la Méditerranée et l'Europe du Nord), le bassin de la Seine (Paris est le principal centre de consommation d'Occident avec 200 000 habitants à la fin du XIIIe siècle) et la Loire accessible par l'Arnoux. Dans le respect d'unité d'observance de la règle de saint Benoît, elle a pour objet d'organiser la vie quotidienne et d'instaurer une discipline uniforme à l'ensemble des abbayes. La troisième prière de la journée était tierce, commis en début de la matinée après l'accomplissement des premiers travaux de la journée, vers 9 h 00 en général. En 1109, Étienne Harding prend en main les destinées de Cîteaux en succédant à Aubry après la mort de ce dernier. Naturellement les Cisterciens s'ingénient à améliorer sans cesse le résultat de leur travail, et comme par ailleurs ils jouissent de facilités que n'ont pas toujours les autres paysans de l'époque (main-d'œuvre et capitaux pour réaliser de grands travaux de drainage et d'irrigation, liberté de circulation, possibilité d'avoir des dépôts de vente dans les grandes villes, de construire routes et fortifications, etc.) Qu'il soit doux sans être léger, qu'il charme l'oreille afin d'émouvoir le cœur, qu'il soulage la tristesse, qu'il calme la colère, qu'il ne vide pas le texte de son sens, mais le féconde, « c'est alors qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres », « l'oisiveté est ennemie de l'âme et les frères doivent s'occuper à certains moments par du travail manuel », « On apprend beaucoup plus de choses dans les bois que dans les livres ; les arbres et les rochers vous enseigneront des choses que vous ne sauriez entendre ailleurs », « une vie ritualisée, rythmée […] où chaque action obéissait à des règles formelles bien précises et était accompagnée par des gestes rituels […] ou, lorsque la parole était autorisée, par des phrases rituelles », « Fuyez du milieu de Babylone, fuyez et sauvez vos âmes. Par son organisation et par son autorité spirituelle, il s'impose dans tout l'Occident, jusque sur ses franges. Pour Étienne Harding, l'organisateur de l'ordre et grand législateur, l'œuvre qu'il voit naître reste encore fragile et a besoin d'être confortée.