Nam qui gehennas metuit, non peccare metuit sed ardere. Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus » du livre XI des Confessions. De la correspondance qu'ils ont échangée, il reste la lettre 147, connue sous le titre de La Vision de Dieu[50]. Pour ces hommes le christianisme, qui est depuis peu la religion de l'Empire romain, est responsable de la prise de Rome et leur paraît en rupture avec leur culture. On trouve en effet dans l’œuvre d’Augustin les racines des principaux points de divergence entre l’Église latine et l’Église orthodoxe : conception de la vie trinitaire à partir de la psychologie humaine; compréhension de la théologie (Dieu en Lui-même) à partir de l’économie du salut ; identification de l'essence et des attributs divins autorisant une connaissance de Dieu très éloignée de l’apophatisme chère aux Pères orientaux (pour qui l'essence divine est inconnaissable) ; doctrine du Filioque ; doctrine du purgatoire ; dévalorisation de la volonté et de la liberté humaine qui introduit une conception de l’ascèse et de la vie spirituelle très éloignée de celle de l’Orient chrétien (fondée sur la synergie de la grâce et de l’effort humain) ; conception d’intermédiaires créés entre Dieu et l’Homme (théophanies) qui inaugure la théorie latine de la grâce créée ; conception particulière du péché originel et de la prédestination qui ouvrira la porte à la doctrine de l’Immaculée Conception. Dans le livre 10 de son ouvrage De la trinité (10.120.14), il pose la question : « Car qui douterait qu'il vit, se rappelle, veut, pense, sait et juge ? Chez Augustin, la foi incite à tenter de comprendre le mystère de Dieu et du monde en même temps qu'elle pose une distance, un recul tant par rapport à ce mystère que par rapport à soi-même[178]. Ces différences quant à la conception de la nature humaine conduisent Augustin et Pélage à des façons différentes de penser l'action juste et la liberté. Puis, ne pouvant rester seul, il prend une nouvelle maîtresse. Ce récit provoque chez Augustin un tel bouleversement qu'il se convertit à son tour[27]. At the age of seventeen he became a student of the University of Carthage where he became a teacher of rhetoric and, while there, lived a life of extravagant pleasure-including sexual pleasure-which was to contrast starkly with his later monkish life. Elle considère que le pivot de la philosophie augustinienne, « Sedis animi est in memoria (Le siège de l'esprit est dans la mémoire) »[302], a permis au christianisme de répéter « la fondation de Rome […] dans la fondation de l'Église catholique »[302] en reprenant sur un autre plan « la trinité romaine de la religion, de l'autorité et de la tradition ». Philosophie - Catéchèse - Polémique direct en eenvoudig te bestellen bij Boekhandel De Slegte. Nos ennemis par le cœur, ils sont par leurs livres, nos soutiens et nos témoins[342]. Additional Physical Format: Online version: Nourrisson, Jean-Félix, 1825-1899. Chez Cicéron, la justice ou l'injustice sont liées à la loi non écrite qu'il assimile à la raison droite. We know that we exist, that we are alive, and that we understand these facts. Pourtant, sur le péché de chair, en partie repris aux platoniciens et aux néoplatoniciens qui distinguent l'âme du corps, vu comme entraînant les humains vers le bas, il aurait une position plutôt modérée par rapport à Jérôme de Stridon et Grégoire de Nysse. Augustin développe une distinction entre les sacrements réguliers et les sacrements valides. Fast and free shipping free returns cash on delivery available on eligible purchase. C'est la condition pour que la fin de la vie ne soit pas la fin de l'être, le néant ; comme c'est le cas pour la créature qui durant la vie n'a pas accédé à l’être[118]. Il y a bien sûr une grande incompréhension du judaïsme, où la théologie du mérite ne se limite pas aux œuvres mais comprend aussi le mérite des Pères, les patriarches. Au moment de l'arrivée d'Augustin à Hippone, l'Église catholique est minoritaire face à la puissante Église donatiste tandis que les manichéens sont actifs. Toutefois, pour Peter Brown comme pour Goulven Madec, il ne faut pas faire d'Augustin « le malin génie de l'Europe »[227]. Le père d'Augustin est un romanisé païen du nom de Patricius qui a rang de décurion, faisant partie du conseil municipal de la cité. Alors, il craindra vraiment le péché. Paris: Didier et cie., 1866 (OCoLC)609120880 ». Cette méthode, d'abord utilisée par les Grecs au VIe siècle avant notre ère pour interpréter Homère a été utilisée plus tard par Philon d'Alexandrie pour la Bible, puis popularisée par Clément d'Alexandrie au IIe siècle[76]. Dans le Cambridge Companion to Augustine, Thimothy Chappell note : The sound of Rousseau's truth is je, je, je, -I,I,I:the sound of Augustine's truth is tu, tu, tu -Thou, thou, thou, « […] Le son de la vérité chez Rousseau est, je, je, je, I,I,I, le son de la vérité chez Augustin est tu, tu, tu, thou, thou, thou[197] ». WorldCat Home About WorldCat Help. Un des premiers écrits d'Augustin le Contre les académiciens se dresse contre le scepticisme de la Nouvelle Académie dont un des plus illustres représentant est Cicéron. 1) Les belles-lettres — un des points forts d'Augustin — reculent au bénéfice de la philosophie pure. Les soliloques sont pour Augustin des dialogues intérieurs qui permettent de mieux se connaître et d'atteindre son moi intérieur[358]. Le premier penseur à avoir été extrêmement sensible à ces immenses difficultés est Augustin, qui a travaillé quasi désespérément à ce problème »[298]. Augustin tant dans le livre VIII de La Cité de Dieu que dans le livre XIX voit l'éthique ou la philosophie morale (la formulation latine pour l'éthique) comme la recherche du bien suprême et des moyens de l'atteindre[194]. La façon allégorique et apologétique d'interpréter les Écrits bibliques conduit les apologistes chrétiens à « présenter le christianisme sous une forme compréhensible au monde gréco-latin », en s'appuyant non seulement sur Philon d'Alexandrie, qui a tissé des liens entre le judaïsme et la pensée grecque[80], mais également sur le prologue de l'Évangile de Jean : « Au commencement était le Logos, et le Logos était près de Dieu et le Logos était Dieu »[81]. Philosophie - Catéchèse - Polémique - Saint Augustin | De Slegte Reprenant le thème paulinien selon lequel les hommes sont le temple de Dieu, il dit que Dieu construit « sa Maison, régit sa Famille, rassemble son Peuple, prépare son Royaume, pour l'avènement de la Paix définitive en sa Cité, par laquelle s'accomplira sa promesse : « Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple (Lv 26,12) »[109]. Depuis le IIe siècle, des auteurs chrétiens tels Clément d'Alexandrie ou Origène cherchent à inculturer le christianisme au monde gréco-latin en s'appuyant sur le platonisme. Au contraire le monde intelligible et la raison, importante tant chez Augustin que chez les néoplatoniciens, permet d'orienter notre sensibilité vers le haut, vers Dieu[92]. La ville, située à un peu plus de 90 km de la Méditerranée à une altitude de 600 mètres, est alors un municipe d'Afrique romaine depuis environ deux siècles[3]. Deux ouvrages importants portent le titre Confessions, le premier écrit par Augustin et le second par Jean-Jacques Rousseau[196]. D'origine modeste, il n'a pas fait d'études[5]. Augustin, contre les sceptiques de l'Académie, soutient qu'il existe des connaissances réelles qu'il classe en trois groupes : « les vérités logiques (par exemple, « il y a un monde ou il n'y en a pas »), les vérités mathématiques (« trois fois trois neuf »), et les comptes-rendus de l'expérience immédiate (« ces saveurs me sont agréables ») »[186]. Viens, suis-moi », et qu’un tel oracle l'avait aussitôt converti à Toi. L'un exige que la guerre ait pour but de promouvoir ce qui est non ou de punir ceux qui est mauvais. Le danger que court l'homme est de ne pas voir ce nécessaire tendre vers le non être (, « le sens originel de son être créé, qui était justement de le renvoyer par-delà le monde à sa véritable origine », « la conscience mauvaise ne se fuit pas elle-même, elle n'a nulle part où aller, elle marche à sa propre suite », « est recréée puisque libérée de sa nature pécheresse », « la prédestination c'est la grâce; la grâce est l'effet de la prédestination », « Homme, qui es-tu pour discuter avec Dieu (Rm 9,20) », « Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Dieu un et trine est tout ce qu'il a »[N 15]. Get this from a library! D'une façon générale, chez Augustin, les hommes exercent leur liberté dans un champ de forces très instables où les positions de chacun peuvent changer rapidement, où rien n'est acquis, où les ennemis de la Cité de Dieu peuvent devenir ses amis et vice-versa[389]. He never left North Africa for the last thirty-nine years of his life . Le premier serait de lutter contre un patriotisme exacerbé et contre les vertus politiques qui relèvent pour lui des opinions et des apparences. La très prolifique et populaire œuvre de Saint Augustin a survécu au siège d'Hippone. Pour lui si les Romains ont pu construire un empire, ce n'est pas grâce à leur religion mais à leur amour pour la gloire[391]. De l'héritage platonicien, outre l'architectonique, Augustin retient également une transcendance forte qui le rapproche des pères cappadociens tels que Grégoire de Nysse ou Grégoire de Nazianze et l'éloigne des théologiens de l'Église d'Occident. Create lists, bibliographies and reviews: or Search WorldCat. Au sein du chœur de la basilique Notre-Dame-des-Victoires de Paris sont exposées six toiles monumentales de Charles André (Carle) Van Loo, lesquelles constituent une série de fresques sur la vie de saint Augustin : Jostein Gaarder a écrit une nouvelle philosophique, Vita Brevis (1996), qui se présente comme la traduction d'un manuscrit écrit par la concubine d'Augustin. Il convient de souligner que tant pour lui que pour les chrétiens qui suivront, sa conversion a un caractère apologétique. This implies that there is no part of natural law that is intrinsically political; politics are a technical matter and do not engage our full humanity, « le recours trop exclusif à saint Augustin est certainement l’une des causes qui ont le plus contribué à séparer plus tard l’occident du reste du monde chrétien », « intimement inspirée de l'augustinisme », « aristotélicisme systématique et en quelque sorte radical […] des pans entiers d'augustinisme », « enseignements d'Augustin concernant l'illumination divine, le pouvoir de l'âme et la raison séminale », « Augustin enseigne que Dieu a infusé dans la matière au moment de la création, des normes intelligibles qui peuvent être actualisées », « seul le péché pouvait expliquer tous ces malheurs », « les éléments les plus positifs de son anthropologie et de sa théorie de la grâce sont négligés ou sous-estimés », « possède une excellence et une prédisposition à la contemplation qui en font aussi, en un certain sens, une image de Dieu », « celui de la grâce, de la foi, de l'amour, de la parole de Dieu, des préceptes évangéliques », « celui du glaive temporel, de la loi, du décalogue », « l'instrument de Dieu autorisant une communion spirituelle », « Dieu a donné le glaive aux magistrats pour défendre la vérité de Dieu quand besoin sera, punissant les hérétiques qui la renversent », « regret des péchés fondé sur la seule crainte de l'enfer », « une chose qui doute, comprend, affirme, dénie, veut, ne veut pas, qui imagine, qui a des perceptions sensorielles », « de proposer une nouvelle philosophie des idées », « cependant nous ne proclamons pas, comme le fait Saint Augustin, que nous voyons Dieu en voyant les vérités, mais en voyant les idées de ces vérités, « une théorie de notre connaissance de la nature (pas de son existence), du monde matériel qui nous entoure », « Le mal est une privation, un manque, un « rien ». Bref touche au coeur de la pensé d'Augustin. Il existe une hiérarchie de ce qu'il faut aimer : d'abord ce qui est au-dessus de nous (supra nos), puis nous et ce qui est à côté (iuxta nos), le prochain (proximus), et ce qui est en dessous de nous (infra nos), le corps venant en dernier[156]. Arquillière dans un ouvrage intitulé Augustinisme politique. « Ne place pas ton amour dans la création mais habite le Créateur[115]. Details. Assurément, à juger sagement les choses, tu vois que leur autorité passe loin devant la nôtre[N 9]. Pour Simo Knuuttila, Augustin s'inspire beaucoup d'Aristote qui insiste déjà sur la centralité du présent[232] et comme le stagirite et les stoïciens à sa suite, il suppose que « le temps est un continuum infiniment divisible »[233]. Selon Mendelson, le traitement de ce problème est « complexe et parfois excessivement obscur »[185]. Dans l'amour de Dieu, l'homme s'aime lui-même[155]… », «  Augustin écrit à ce propos : Lorsque j'aime mon Dieu, c'est la lumière, la voix, l'odeur […] de mon être intérieur que j'aime. Toutefois, alors que le Dieu des platoniciens, l'Un, est éternel ou sans commencement, le Dieu d'Augustin et de la Bible dit au contraire : « au commencement » (« bereshit, en archè, in principio »[104]). Concernant le lien foi/intelligence/Dieu, le raisonnement d'Augustin peut-être schématisé ainsi : toute pensée cherche la vérité, traduit une volonté de vérité, Dieu est vérité donc l'homme désire Dieu. Aussi, en 375, il retourne à Thagaste et y enseigne la grammaire. Dans les Confessions, Augustin avoue avoir été longtemps sensible à ce point[N 6]. Aucune des œuvres de saint Augustin ne s'adresse directement aux Juifs, mais la discussion avec les Juifs est omniprésente dans ses ouvrages[334]. Les auteurs de ces ouvrages sont désignés comme les « Pseudo-Augustin ». !. Augustin est ainsi quasiment le seul philosophe latin de l'Antiquité à ne pas réellement maîtriser le grec[16] même si dans sa maturité, il fera des efforts pour remédier en partie à cette lacune. C'est, en Occident, le théologien qui insiste le plus sur la transcendance divine, c'est-à-dire que pour lui, les pensées de Dieu ne sont pas, de près ou de loin, les pensées des hommes. C'est le sens de l'injonction « crois afin de comprendre, comprends afin de croire (crede ut intellegas, intellege ut credas) »[176]. Voilà ce que j'aime lorsque j'aime mon Dieu[N 27]. En fait, Augustin ne tranchera jamais clairement entre les hypothèses même quand, peu de temps avant sa mort, il relit toute son œuvre et écrit les Rétractations[163]. La vie de couple est assimilée au « regnum uxorium » (royaume de la femme) et les pratiques sexuelles afférentes sont jugées asservissantes[225]. Il écrit en effet : « Ordonne je te prie, et commande tout ce que Tu veux ; mais guéris et ouvre mes oreilles, afin que j'entende ta voix »[357]. Les moines d'Hadrunètes ayant lu une lettre d'Augustin sur la prédestination se mirent à ne plus rien faire, car ils estimaient qu'il n'y avait plus qu'à attendre que ce à quoi ils étaient prédestinés arrive[128]. Les écrits d'Augustin furent inconnus dans l'Orient chrétien jusqu'à la fin du treizième siècle (époque des premières traductions en grec de Maxime Planude) et la place prépondérante qu'il occupe parmi les Pères pour les latins ne saurait lui être reconnue par les chrétiens orthodoxes.